Pas de prospérité sans inclusion numérique
40% de la population belge âgée de 16 à 74 ans ne parvient pas à suivre le rythme de notre société numérique. C’est ce qu’a constaté la Fondation Roi Baudouin. Le manque de compétences numériques de base touche toutes les couches de la population. Ainsi, 30% des personnes âgées de 16 à 24 ans sont en situation de vulnérabilité numérique.
La conséquence? Plus d’inégalités dans l’enseignement, le travail, la santé… Bref, dans toutes les facettes de notre société. Ainsi, l’exclusion numérique devient également une exclusion sociale tout court.
DigitAll rassemble plus de 120 entreprises, organisations sociales et organismes publics qui se mobilisent pour combler la fracture numérique en Belgique. Ces dernières années, cette large coalition a lancé, tant individuellement que collectivement, des projets visant à renforcer l’inclusion digitale en Belgique. Les pouvoirs publics ont également soutenu financièrement plusieurs de ces projets, tout en étant à la base d’autres initiatives.
Si ces projets sont utiles, ils sont dispersés, menés à petite échelle et souvent non coordonnés. Et force est de constater qu’ aujourd’hui, nous sommes encore loin d’une société numérique inclusive. Pour atteindre notre objectif, il nous faut une stratégie globale. Une stratégie soutenue par tous les niveaux politiques et mise en œuvre de manière coordonnée, en collaboration avec les acteurs économiques, sociaux et académiques. Nous appelons les négociateurs et les nouveaux décideurs politiques à relever ce défi avec nous. Rassemblez vos idées, au-delà des frontières partisanes, linguistiques et institutionnelles. Il est grand temps de concevoir une politique d’inclusion numérique large et ambitieuse.
L’inclusion numérique est essentielle pour les citoyens, l’économie et les pouvoirs publics
Les personnes ayant des compétences numériques accèdent plus facilement aux soins de santé, à l’éducation et aux services publics. Elles augmentent ainsi leurs chances d’obtenir un emploi.
L’automatisation fait disparaître des emplois, mais crée également de nouvelles opportunités. Pour pouvoir les saisir, des compétences numériques de base sont essentielles. Agoria prévoit d’ici 2030 entre 300.000 et 560.000 nouveaux emplois nécessitant des compétences numériques de base. Pour préserver notre compétitivité et notre potentiel d’innovation, ces compétences sont donc indispensables.
Mais ce n’est pas tout. L’intelligence artificielle générative est en plein essor, avec un impact potentiel sur 60% des emplois dans nos économies occidentales, d’après le FMI. N’attendons pas que de plus en plus de personnes soient déconnectées. Le coût de l’abandon numérique d’un nombre encore plus important de citoyens sera très élevé. Et soyons réalistes: tout le monde est exposé au risque d’exclusion numérique à un moment ou à un autre.
3 recommandations concrètes pour des accords gouvernement aux numériques inclusifs
1) Développer une stratégie pluriannuelle coordonnée pour l’inclusion numérique, avec 1responsable par niveau politique et un comité de concertation interministériel.
Au cours des dernières années, plusieurs initiatives précieuses ont été prises par une vingtaine de ministres, chacun dans son propre domaine de compétence. Il va de soi que ces initiatives auraient plus d’impact si elles faisaient partie d’un plan coordonné qui puisse aussi faire appel à la vaste expertise des stakeholders privés, sociaux et académiques.
2) Assurer un financement structurel des initiatives existantes.
La fragmentation et la petite taille des initiatives constituent un deuxième défi à relever. De nombreuses initiatives de qualité méritent d’atteindre davantage de citoyens vulnérables. Une mise à l’échelle n’est toutefois possible que si un package global est élaboré par région. Un package qui renforce la collaboration entre les organisations et stimule la complémentarité de l’offre. Les budgets pluriannuels structurels permettent également à ces organisations d’améliorer leur fonctionnement et de s’adapter de manière flexible aux besoins.
3) Adopter une approche globale et inclusive
Trop souvent, l’accent est mis sur une partie de la solution ou sur un groupe particulier. On distribue des appareils ou on subventionne des cours de compétences numériques. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Les compétences numériques doivent aussi être considérées de manière très large: les connaissances, les compétences et les attitudes sont tout aussi importantes pour pouvoir participer activement, de manière créative, critique et consciente à notre monde numérique.
Un gouvernement qui travaille sur une vision globale et une stratégie coordonnée pour l’inclusion numérique pourra compter sur notre soutien et notre collaboration.
Nous sommes prêts pour une collaboration percutante, pleine de défis.